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Tout comprendre aux troubles provoqués par l’arrestation d’un opposant

Les faits. L’opposant au pouvoir au Sénégal, Ousmane Sonko, troisième de l’élection présidentielle de 2019, a été arrêté mercredi, provoquant la colère de ses partisans. Il se rendait au tribunal pour être interrogé sur des accusations de viols qu’il réfute. Alors qu’il a été amené ce vendredi dans le cabinet d’un juge à Dakar pour un interrogatoire, la présidence sénégalaise et les bâtiments officiels du centre de Dakar ont été placés sous haute protection.

Pourquoi ça compte. Ousmane Sonko était pressenti comme un des principaux concurrents de l’élection de 2024. Son arrestation a, selon de nombreux Sénégalais, porté à son comble l’exaspération accumulée dans ce pays pauvre face à la dureté de la vie depuis au moins un an et le début de la pandémie de Covid-19. Les défenseurs des droits s’émeuvent également de la réponse apportée par les autorités face aux protestations. .

Le principal opposant crie au complot
Ousmane Sonko, 46 ans, fait l’objet depuis début février d’une plainte pour viols et menaces de mort déposée contre lui par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos. Personnalité au profil antisystème et au discours impétueux, le député réfute ces accusations. Il crie au complot ourdi par le président Sall pour l’écarter de la prochaine présidentielle. Le président a démenti fin février, mais gardé le silence depuis sur l’affaire.
L’opposant a été arrêté officiellement pour trouble à l’ordre public, alors qu’il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol. Après deux jours de détention dans les locaux de la gendarmerie et de tensions grandissantes, « Ousmane Sonko est entré dans le bureau du doyen des juges. On a refusé l’accès à ses avocats », a dit Me Abdoulaye Tall à des journalistes près du palais de justice. L’un des avocats d’Ousmane Sonko, Me Bamba Cissé, a dit redouter que son client ne soit écroué à l’issue de son audition, un acte susceptible de redoubler la colère.

Des affrontements et pillages, et au moins un mort
Plusieurs quartiers de la capitale et différentes villes du pays réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest ont été le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de police, de saccages et de pillages de magasins, en particulier sous enseigne française. Les manifestations ont fait au moins un mort jeudi dans le sud du pays. Jeudi soir, des manifestants ont attaqué les locaux du quotidien gouvernemental le Soleil et de la radio RFM, appartenant au groupe de presse privé du chanteur et ancien ministre Youssou Ndour, jugés proches du pouvoir.

Des témoins ont rapporté que des manifestants s’en prenaient dans la nuit du haut des passerelles aux automobilistes sur l’autoroute dans la banlieue de Dakar. Les locaux de plusieurs enseignes françaises, dont Auchan, ont été attaqués depuis mercredi. Les écoles françaises dans le pays ont fermé. L’agence d’Air France dans le centre avait tiré le rideau.

Ce vendredi, alors que la tension risque de grandir, Un important dispositif de police entourait le palais de justice dans le quartier du Plateau, centre névralgique du pouvoir. A quelques centaines de mètres, les abords de la présidence ont été bouclés par des barrières derrière lesquels ont été positionnés des blindés.

Les autorités répondent fermement
Le gouvernement a prévenu qu’il prendrait « toutes les dispositions nécessaires au maintien de l’ordre public ». Il a aussi mis en garde « certains médias » contre les conséquences de leur couverture « tendancieuse ». Dès jeudi soir, les autorités ont annoncé suspendre le signal de deux chaînes de télévision privées coupables selon elles d’avoir diffusé « en boucle » des images de violence. Les autorités ont également interdit la circulation des deux-roues à moteurs jusqu’à samedi soir.

Les réseaux sociaux ont rapporté des perturbations sur internet, à l’instar de celles observées dans un certain nombre de pays à l’initiative des gouvernants dans les périodes de crise. Netblocks, observatoire qui surveille de telles coupures, a confirmé des restrictions sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie, affectant le partage de photos et de vidéos sur Facebook, YouTube, WhatsApp et Telegram selon lui.

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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